Chostakovitch, Symphonie N°7 dite "Leningrad"
Nous écoutons une partie du premier mouvement de la Septième Symphonie (1941) de Dimitri Chostakovitch (1906-1975). Particulièrement le thème de
Marche qui sera répété 12 fois et subira des variations et
transformations successives.
Nous nous intéresserons principalement
au travail sur les timbres, l'utilisation des masses sonores et la
forme, ici une série de variations sur un thème. Chostakovitch y décrit musicalement l'arrivée des allemands
sur la ville de Leningrad, dont le siège dura 900 jours.
Le thème,
une marche volontairement caricaturale et pompeuse (assez insouciante au départ), est divisé en 3
phrases énoncées successivement par tous les pupitres, avec une
transition aux cordes pizzicato entre chacune des expositions
successives. Un ostinato de la caisse claire sera présent et enflera
tout au long de cette séquence.
Le tout démarre pianissimo pour
terminer dans un fracas sonore terrifiant empli de dissonances.
Chostakovitch suggère dans ses écrits que le thème, s'il pourrait être
associé à l'invasion allemande, pourrait aussi représenter l'invasion
de l'intérieur par Staline lui-même.
On peut réécouter l'extrait de ce premier mouvement ici. Marche
La représentation du compositeur sur la couverture du "Times" montre le compositeur en pompier volontaire, préposé aux départs d'incendie dans la ville assiégée. Cependant dès le début des hostilités, les artistes furent soigneusement mis à l'abri du danger par le pouvoir. Chotakovitch et sa famille se sont réfugiés à Moscou, où cette symphonie sera jouée en 1942, alors que les bombes allemandes pleuvent sur la capitale.
À Léningrad, ville à laquelle la symphonie est dédiée, la création est effectuée le 9 août 1942 alors que le siège dure toujours. Pour cela, la partition est introduite de nuit au mois de mars, puis une équipe de copistes fabrique le matériel d'orchestre avant que les répétitions ne puissent commencer. Les membres de l'orchestre bénéficient de rations alimentaires supplémentaires, tandis que des musiciens supplémentaires sont recrutés parmi les soldats pour pallier l'absence des artistes, évacués ou morts. Pendant le concert, la musique de Chostakovitch, conçue comme une arme psychologique, est retransmise par haut-parleurs dans toute la ville pour être entendue de la population et des troupes ennemies. Les forces allemandes sont même bombardées dans les heures qui précèdent pour assurer leur silence pendant la représentation.